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 Eliad-Abriel Kieran Lochlainn

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E-A. Kieran Lochlainn
E-A. Kieran Lochlainn
Claddagh

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MessageSujet: Eliad-Abriel Kieran Lochlainn   Eliad-Abriel Kieran Lochlainn EmptyDim 13 Juil - 10:41

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+ CLADDAGH

+ SON SECRET: son frère et lui étaient tous les deux en voiture, son frère conduisait, ils se sont violemment disputés & ont foncé dans le décor, ils ont fait de nombreux tonneaux qui ont coûté la vie à son frère (qui s'est jeté sur lui afin de le protéger, c'est Kieran qui aurait dû mourir). il a quitté les lieux sans prévenir de l'accident ni rien, pour ensuite se rendre compte que tout était de sa faute.


L'avion avait décollé depuis vingt minutes lorsque la jeune femme perdit les eaux. Ils n'avaient pas prévu que le stress dû au vol provoquerait l'arrivée prématurée de leur petit garçon, à huit mois. Les chances qu'un médecin soit dans l'avion étaient d'à peu près huit sur dix, ils devaient donc avoir de la chance. L'une des rares fois de leur vie, cela tombait bien. La trousse de secours préparée, la jeune femme n'avait plus qu'à pousser. En étant à son deuxième enfant, un deuxième garçon, elle accoucha relativement rapidement. Lorsque l'avion se posa, le bébé était dans ses bras depuis quelques secondes. Transférée à l’hôpital, tout se déroula ensuite comme après un accouchement normal. Se posait encore la question du prénom.... « Comment s'appelle-t-il ? » demanda la sage-femme penchée au dessus du berceau où le bébé sans nom dormait à poings fermés. C'était une colle qu’elle leur posait là ! « On hésite entre Eliad, Abriel et Kieran... » Eliad était un prénom hébreu, ses grands parents paternels étant nés en Israël avant de déménager en Irlande et de changer leur nom, Lévinski, en Lochlainn, son père y tenait. Abriel était breton, et comme cet avion venait de quitter la Bretagne, ils avaient envie d'y faire un petit clin d'oeil... Tandis que Kieran était un prénom purement irlandais, et au fond l'enfant était irlandais. « Pourquoi pas Eliad-Abriel et Kieran ? » Les jeunes parents se consultèrent du regard, légèrement dubitatifs. Eliad-Abriel ? Plus ils y réfléchissaient, plus ils appréciaient. « Eliad-Abriel K. Lochlainn... » Ça sonnait plutôt bien ! C'était sans compter sur l'intervention, plus tard, du garçon qui préférait de loin son second prénom. Il fut donc décidé que ce serait E-A. Kieran Lochlainn, bien que sa mère persiste à l’appeler Abriel et son père Eliad !

Deux ans avaient passé depuis la naissance surprise dans un avion plein à craquer. Le petit était plein de vie, prenant exemple sur son grand frère, Callum, il avait très vite tenu assis seul, puis s'était mis à marcher à dix mois. Ça avait été l'événement du siècle, et plus encore quand il était parvenu à dire correctement papa, maman, et Callum. Son grand frère comptait énormément, il était toujours prêt à s'occuper de lui, toujours derrière lui au cas où il flancherait, c'était un peu plus un deuxième papa qu'un frère. C'est donc le premier mot qu'il avait babillé, vers ses sept mois. Aujourd'hui, il avait un vocabulaire bien plus varié que ces trois mots si importants, et en apprenait un peu plus chaque jour. Ses parents n'avaient plus tellement le temps de s'occuper de lui, sa mère ayant repris le travail dès qu'il avait eu six mois. C'était donc une fois de plus le rôle qu'endossait le grand frère. Ils avaient bien une baby-sitter, et parfois leurs grands parents ou leurs tantes venaient les garder, mais ils faisaient, la plupart du temps, comme s'ils étaient seuls au monde. Ils étaient bien, tous les deux, ils n'avaient besoin de rien de plus. Du moins en apparence, car leurs parents avaient beau les aimer plus que tout au monde, ce n'était pas l'évidence même et cette affection parentale qu'ils voyaient fréquemment chez les autres leur a toujours manqué. Surtout quand ça s'est produit. Il devait être aux alentours de minuit, et leur mère n'était toujours pas rentrée. Elle n'était pas venue les chercher à l'école, ce qui avait fait pleurer le petit Kieran qui, du haut de ses deux ans, ne comprenait pas vraiment qu'elle puisse être au retard et pensait qu'elle les avait oublié. La seule personne qui avait pu le calmer était son frère, de huit ans son aîné, qui savait toujours exactement quels mots employer pour le rassurer. Ils avaient attendu, et au bout d'une demi-heure avaient commencé à s'inquiéter. Alors que Callum téléphonait sans relâche à leur mère puis leur père et ne cessait de tomber sur leurs répondeurs, Kieran s'était assis sur le trottoir, retenant ses larmes bien qu'il ait un douloureux et affreux pressentiment. C'est finalement leur père, plus d'une heure après la fin des cours, qui avait enfin décroché son téléphone et était venu au plus vite. Personne n'était parvenu à joindre Aileen Lochlainn de la journée, et personne ne l'avait vue. Une heure du matin sonnait à l'église tout proche et personne ne dormait dans la maison. Blotti contre son frère, Kieran était resté muet depuis l'épisode de l'école, comme traumatisé d'avoir été oublié. Mais ce n'était pas cela. Non, c'était le fait qu'il avait pressenti que ça se produirait. Dès qu'il s'était rendu compte que sa mère ne viendrait pas le chercher, il avait senti, au plus profond de lui, qu'elle ne viendrait tout simplement plus jamais. C'était inexplicable, sans doute une sorte de sixième sens, ou un hasardeuse hypothèse qui s’avérait malheureusement correcte... Dès l'aube, un policier était venu prendre des nouvelles des trois hommes de la famille, qui n'avaient pas fermé l’œil de la nuit, mais n'avaient pas non plus parlé. Leur père n'avait su trouver les mots pour les rassurer, et s'était donc lui aussi muré dans le silence. L'enquête n'avançait pas, les collègues d'Aileen ne l'avaient pas vue de la journée, il n'y avait aucune piste et sa voiture était toujours dans l'allée de la maison. Ça avait tout l'air d'une fugue, au point près qu'elle avait tout laissé derrière elle, elle n'avait absolument rien emporté. Alors peut-être un kidnapping, mais jamais aucune demande de rançon ne leur parvint, et il n'y eut jamais de preuve que quoi que ce soit lui était arrivé. Elle s'était simplement évanouie dans la nature. Et ne donna jamais plus signe de vie.

« Tu joues avec moi Callum ? » Son grand frère, son modèle. Il se souviendrait toujours de ces fois où il n'avait pas la moindre envie de cesser ses occupations pour jouer à des jeux pour les bébés, mais le faisait tout de même avec le sourire. Il l'avait toujours vu comme un héros, il le mettait sur un piédestal et ne permettait pas la moindre remarque à son sujet. Son frère était, selon lui, l'incarnation de la perfection et personne ne lui arrivait à la cheville. Et oui, il lui vouait un amour inconditionnel et ce malgré leurs quelques disputes lorsque Kieran fit sa crise d'adolescence. Ils étaient soudés, toujours ensemble même si Callum avait huit ans de plus et un caractère assez différent du sien. Presque opposé. En effet, avec le temps, Kieran s'était considérablement transformé. La disparition soudaine de sa mère l'avait rendu fou, il s'était senti abandonné, perdu, et ce même s'il avait toujours pu compter sur son frère. Il s'était senti trahi. Et il était rapidement devenu mi-caïd, mi-solitaire. Il avait d'assez spectaculaires sautes d'humeur, et était soit craint soit admirés, mais pas vraiment aimé. Il s'en moquait. Une fois de plus, il n'avait besoin que de son frère, eux deux contre le monde, c'était tout ce qu'il aimait. C'était l'unique chose qui comptait vraiment. Kieran était aussi un peu trop infidèle, disons qu'il s'amusait avec les filles plus qu'il ne s'embêtait à essayer de les connaître et de les apprécier. Enfin, on pourrait longuement discuter de son caractère à cette époque, et de ses nombreuses particularités, mais là n'est pas vraiment la question.

Kieran avait seize ans, Callum vingt-quatre, ils s’entendaient toujours aussi bien. L'aîné revenait tous les week-ends, depuis la fac, à la maison pour voir si son père et son frère ne manquaient de rien. J'ai oublié de préciser que leur père était toujours dévasté par la mystérieuse disparition de sa femme. Chacun, dans la famille, gérait le deuil à sa manière. Callum avait choisi de l'accepter, il avait toujours eu cette admirable ouverture d’esprit et cette capacité à pardonner que son frère lui enviait assez... Peut-être avait-il lui aussi du mal à encaisser, mais il ne l'a jamais montré. Kieran s'était endurci après le choc et avait beaucoup changé, mais leur père demeurait le pire. Il ne cessait d'élaborer des hypothèses plus farfelues les unes que les autres, il avait véritablement perdu la tête. Il s'imaginait toutes sortes de choses en lien avec la mafia, ou des phénomènes surnaturels, parfois même il leur annonçait qu'elle s'était faite enlevée par des extraterrestres et qu'ils étaient les prochains. Sa théorie la plus plausible était qu’elle se soit enfuie avec un riche amant sur une île, mais c'était une perspective douloureuse et personne ne souhaitait ne serais-ce qu'y songer. En bref, leur père était totalement paranoïaque et les deux jeunes hommes s'occupaient de lui plus qu'il ne s'occupait d'eux. « Callum ? » Un soupir se fit entendre. « C'est que moi papa, tu sais ton autre fils, Kieran. » Il avait l'impression que son grand frère était plus aimé que lui. C'était évidemment faux, mais il était lui aussi un poil paranoïaque. « D'où est-ce que tu viens Kieran ? Tu n'étais pas avec ton frère ? » Il grinça des dents et leva les yeux au ciel. Encore un jour où sa bonne humeur n'était pas au rendez vous. « J'viens de dehors, j'étais seul. » grogna-t-il en attrapant un pomme dans la cuisine. Il devait être un peu plus de dix-huit heures, c'est pas comme s'il était revenu bourré après minuit. « Où est ton frère ? » C'en était trop, toujours Callum, Callum, Callum. « J'SAIS PAS ! » Et il grimpa à l'étage en courant, claquant violemment la porte de sa chambre derrière lui. Peu de temps après, c'est un tout autre ton qu'il employait pour s'adresser à son père. Le téléphone sonnait depuis dix minutes et Ezra Lochlainn ne semblait pas décidé à décrocher, il était donc descendu et s'était saisi du téléphone avait une certaine exaspération. Il l'avait reposé en larmes. « PAPA ! » Sa voix s'était brisée alors qu'il appelait son père d'un ton désespéré. Il s'était laissé glissé le long du mur et s'était assis par terre, la tête entre les mains, les larmes coulant à flots tandis que tout son corps était secoué d’incontrôlables sanglots. Son père accourut à son appel. « Il est mort... Papa... Il est mort. Callum, il... » C'était la première fois qu'il flanchait. Depuis la disparition de sa mère il n'avait jamais plus montré ses émotions comme ça. Mais son frère était mort, et il était dévasté. Callum avait fait un accident de voiture et, de nombreux tonneaux plus tard, était décédé. Kieran finit la soirée dans les bras de son père pour la première fois depuis quatorze ans.

« Tu es sûr ? » Le regard clair du jeune homme se posa sur son père. Le trajet avait été silencieux, serré dans son costume noir, Kieran avait gardé ses yeux rougis par les larmes fixés sur la route qui défilait par la fenêtre de la voiture. Alors qu'ils quittaient le cimetière après qu'il soit resté assis par terre devant la pierre tombale encore une heure après que tout le monde ait quitté les lieux, il avait formulé une étrange requête que son père n'avait pu lui refuser. « Persuadé. » finit-il par lâcher d'une voix sans ton. Sortant de l'habitacle, il se dirigea résolument vers le salon de tatouages. Il comptait effectivement se faire tatouer, pas n'importe quoi, pas un simple C., ce n'était pas encore assez fort. Non, il souhaitait quelque chose de bien plus symbolique, un signe qui lui rappellerait son grand frère. Un triskell. A ses yeux, à leurs yeux à tous les deux, ça avait symbolisé leur famille à la disparition de leur mère: trois branches, trois hommes. Il pénétra sans se retourner dans le salon, et en ressortit en roulant les épaules, s'étant fait tatouer entre les omoplates. « Alors ? » interrogea Ezra Lochlainn lorsque son fils remonta dans la voiture. Bouclant sa ceinture, il jeta un regard à son père en haussant les épaules. Oui, ce tatouage l'avait en quelques sortes aidé à faire son deuil, mais il lui serrait encore difficile un moment de parler à qui que ce soit... Son père n'insista pas, il comprenait que ce genre d’événements vous fasse vous refermer sur vous-même. Il était bien placé pour le savoir, après tout il avait perdu l'esprit lors de la disparition d'Aileen. Le décès de son fils aîné l'avait également énormément blessé, mais il avait enfin pris conscience que Kieran avait besoin de lui, de son attention, de son affection, et de son soutien. Il avait enfin endossé son rôle de père convenablement. C'était tout de même navrant que de voir qu'il avait fallut deux disparitions et un flot de larmes de son fils pour qu'il réagisse, mais c'était déjà cela.

La journée avait été longue, Kieran ne supportait plus le train train quotidien que lui imposait son statut de lycéen, plus maintenant qu'il ne le partageait plus avec son frère. Il avait aujourd'hui presque dix-huit ans, mais le temps n'efface pas toujours les blessures. Et le triskell tatoué dans son dos lui rappelait toujours cette blessure. « Si bruit il y a, il reste enseveli au plus profond de vous. Votre cœur hurle mais personne ne l'entend, personne à part son propriétaire. Il hurle si fort qu'il vous transperce les tympans, vous vrille le crâne. Il se débat dans votre poitrine, cogne de toutes ses forces, rugit de colère », cette citation de Cecelia Ahern convenait parfaitement aux sentiments du jeune homme. Elle parlait des cœurs brisés et, au fond, le sien l'était. En un milliard de petits morceaux. Brisé par l'absence, rongé par le sentiment d'être responsable de ce qui était arrivé à son frère, détruit et rendu fou par toutes les questions se bousculant dans sa tête. Commençant toutes par « et si... ». Oui, la journée avait semblé durer une éternité, et ce n'était pas encore terminé. Kieran était assis sur un banc proche de l’infirmerie, où il n'avait pas la moindre intention de se rendre malgré son poing ensanglanté. Il s'était battu, encore, et son père allait sans doute être convoqué pour la énième fois. Il n'était pas venu les premières fois, il ne viendrait pas celle-ci, et ne viendrait pas non plus les fois suivantes. Il savait que son fils avait encore plus de mal à gérer sa colère depuis la mort de Callum,  mais que pouvait-il bien y faire ? Il savait pertinemment que Kieran avait toujours, malgré tout, une bonne raison de péter les plombs. Que ce soit une moquerie, un regard de travers,... il avait ses raisons. Il ne cautionnait pas forcément, mais il savait déjà très bien ce que la direction lui dirait. Il savait qu'on lui conseillerait de faire appel à un spécialiste, un psychologue, mais il avait déjà tenté d'en discuter avec le jeune homme et s'était toujours fait remballé avec des phrases telles que « Je suis pas taré, j'ai mal. MAL, et personne peut m'aider. » Cette fois-ci, la bagarre avait été déclenchée dans les vestiaires des garçons après un match de basket. L'un des lycéens avait trouvé malin d'évoquer le tatouage de Kieran, celui-ci était parti au quart de tour lorsqu'il avait entendu que ce type trouvait cela "laid et stupide". Ne prenant même pas le temps d'enfiler son haut, il avait vivement pivoté et lui avait envoyé son poing dans la figure. Des coups de pieds et de poings avaient suivis, d'un violence inouïe, alors que l'autre l'atteignait difficilement. A force, Kieran était devenu plutôt doué pour esquiver les coups. Et, évidemment, les asséner. Après s'être défoulé, il avait enfilé son t-shirt et tourné les talons. Mais, une fois dehors, il avait furieusement cogné dans le mur et s'était blessé. Ce n'était même pas de se battre qui l'avait blessé... Enfin, peu importait. Assis sur ce banc, attendant qu'on le convoque pour se montrer de son habituelle arrogance en ne répondant pas, il ne s'attendait pas à avoir de la compagnie. Tête baissée, fixant le sol en songeant à son grand frère qui lui manquait tant et à ce tatouage qu'il ne permettrait jamais qu'on critique, il sentit une présence devant lui. Il ne broncha pas, mais une voix féminine, un peu inquiète, s'adressa à lui: « Est-ce que... ça va ? » Réprimant un soupir, il leva les yeux sur elle. Il l'avait déjà aperçue, de loin, dans les couloirs du lycée, mais ne lui avait jamais réellement prêté attention. A ses yeux, c'était une fille parmi d'autres dans un bahut plein de filles dont il se fichait pas mal. Il s'en fichait d'autant plus depuis l'accident. Cependant, son regard croisant le sien, il sentit... quelque chose. Il savait très bien ce que c'était, mais il préférait de loin l'ignorer. « Une fille, parmi d'autres», se répéta-t-il. « Ouais super... » Il la lâcha du regard, baissant à nouveau la tête se disant que s'il ne la regardait pas elle s'en irait. Ils en avaient fini. « Eh bah, j'imagine pas le visage du gars en face... » Un vague sourire, si on peut appeler cela ainsi, étira ses lèvres. Elle n'avait pas tort, il l'avait bien amoché. Et elle était parvenue à lui arracher ce rictus. Elle s'assit à côté de lui, mais il ne bougea toujours pas et ne quitta pas son poing ensanglanté du regard. L'adrénaline était retombée et la douleur commençait à se faire sentir. « Je m'appelle Aisling. » Ça c'était irlandais... Cela lui faisait un peu penser à Aileen, le prénom de sa mère. Son cœur se serra. « Kieran. »  Il ne savait même pas pourquoi il avait répondu, mais il était désormais bien trop absorbé par sa douleur, physique et morale, que pour y réfléchir. Il leva la tête pour la regarder. Le souci ? Elle le regardait aussi. Ils échangèrent quelques regards embarrassés, ne sachant plus trop comment alimenter la conversation. Ils ne se connaissaient pas, et tout cela devenait étrange... « Désolée les amoureux, mais j’ai besoin de voir la dame de cœur, on y va. » Pivotant vers la source du bruit, Kieran rougit légèrement, et se mordit l’intérieur de la joue comme si cela pouvait atténuer sa rougeur. Il sentit Aisling se lever et son regard chercha le sien alors qu’elle lui faisait un petit signe. Pestant intérieurement contre la vieille infirmière, il la regarda disparaître à l'intérieur. Lorsque le directeur déboula dans la cour pour pousser une gueulante, Kieran lui prêta encore moins d'attention que d'ordinaire. Toutes ses pensées étaient dirigées vers l'infirmerie et la magnifique jeune femme qu'il venait de rencontrer. Et ça, il ne le comprenait pas. Ou ne voulait pas le comprendre.

Étrangement, en recroisant la belle Aisling lors de l'une de ses habituelles balades en solitaire, Kieran l'aborda à son tour. Ils ne se contentèrent pas de se saluer poliment,  non, ils discutèrent tel deux amis. Kieran appris donc qu'elle avait dix-sept ans, six mois de moins que lui. Qu'elle avait un grand frère, ce qui lui fit affreusement mal au cœur, et d'autres choses mais ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est qu'il se sentait enfin à l'aise avec quelqu'un. Lui qui rejetait toute compagnie, même celle de son père qui tentait de l'aider de son mieux, ressentait presque le besoin de discuter avec Aisling. Il la trouvait adorable, mais malgré toute sa bonne humeur -contagieuse-, il remarquait bien que quelque chose clochait. Dans son attitude, il reconnaissait la douleur. Dans son regard, aussi, il pouvait la lire... Et il connaissait bien cela. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui la faisait souffrir, mais cette souffrance faisait écho à la sienne,  tandis que la présence de cette fille l’atténuait grandement... Il ne cherchait pas vraiment à comprendre, mais n'évitait plus ce sentiment apaisant qui poindait. Cela commença vite à l’obséder. Un obsession de plus, ajoutée à celle qu'il avait de son frère. Aisling se mêla aux cauchemars qu'il faisait chaque nuit, les transformant en rêve. Avant que sa douleur ne reprenne le dessus et ne le réveille en sursaut lorsque le visage de son frère apparaissait subitement.

Alors que la journée se passait étrangement calmement, Kieran avait pris la direction de son casier pour se délester du poids de son cours de français -avec un accent super mignon- et se charger de celui de mathématiques lorsqu'un événement imprévu s'était enfin produit. C'était quasiment impossible qu'il passe une seule journée sans qu'il y ait un souci, la preuve en était là. Son regard balayait les rangées de casiers lorsqu'il tomba sur Aisling. Une Aisling mal en point vers laquelle il se précipita, lâchant son sac et accourant. « Aisling, Aisling est-ce que ça va? Qu'est-ce que tu as ?! » Inquiet ? C'était peu de le dire. Il ne perdit pas plus de temps en discussions, l'aidant d'abord à se redresser, il décida sans la consulter de la porter. Il la prit donc entre ses bras et l'emmena à l'infirmerie. A peine étaient-ils arrivés qu'elle s'évanouissait. Après l'avoir déposée dans un lit, il se mit à faire les cent pas devant celui-ci. A son réveil, il était toujours bien présent, et se précipita à ses côtés pour voir comment elle allait. « Dis à l'infirmière de ne pas appeler mon frère, s'il te plaît... » Acquiesçant, il lui décocha un léger sourire et transmit sa requête à l'infirmière. Comme elle chipotait, il se fit plus agressif en constatant que c'était indispensable à Aisling. Il obtint évidemment ce qu'il souhaitait. Lorsque les ambulanciers arrivèrent, ils le congédièrent en le remerciant rapidement. Il n'était pas vraiment d'accord pour la laisser seule, et apparemment elle non plus car elle lui prit subitement la main. Son regard trouva le sien et il remarqua immédiatement ses tremblements lorsqu'elle le toucha. Il n'avait jamais vu ça. « Non, s'il te plaît... je t'en supplie Kieran, pars pas. Restes avec moi... » C'était tout ce qu'il attendait, pivotant vers les ambulanciers il annonça qu'il restait. « C’est bon, je reste. Chut, calme toi, je suis là. » Il lui caressa la main en songeant, une fois de plus, à son frère qui avait toujours eu les bons mots pour le calmer. Aisling se laissa un peu aller, soulagée qu'il ait accepté de l'accompagner, et il ne la lâcha pas d'une semelle jusqu'à ce qu'elle ne doive passer quelques examens médicaux. Là encore, il attendit, seul dans la salle d'attente, toujours anxieux. Il aurait dû retourner en cours, mais il ne parvenait pas à prendre la décision de partir. Non, il souhaitait tout d'abord s'assurer qu'elle allait bien et personne ne pourrait l'en empêcher. Tout le temps que dura l'examen, il songea au pourquoi du comment il se retrouvait là. Kieran, le vrai Kieran, n'était pas aussi bienveillant. En réalité, il ne l'était pas du tout. Il n'avait jamais montré ce côté protecteur de sa personnalité, personne ne connaissait cet aspect de lui. Pas même lui. Cette fille était spéciale, il l'avait tout de suite su, mais à ce point... Il ne pouvait décidément plus se contenter du « une fille parmi d'autres». Alors qu'elle était placée dans une chambre, il l'y rejoint et s'assit au pied de son lit, attendant qu'elle soit parfaitement lucide et lui confirme elle-même qu'elle allait bien.

Kieran en avait assez des cours, il avait franchement envie de tout laisser tomber. Il ne restait que quelques mois puis il ferait ce qu'il voudrait, il aurait terminé le lycée, mais c'était quelques mois de trop. Il en avait assez de voir des gens, à tel point qu'il commençait à se demander s'il n'était pas misanthrope. Ce qui était très possible. Une seule et unique personne parvenait à le raisonner. Il n'avait plus Callum pour le pousser en avant, et son père avait replongé dans son délire depuis qu'il avait dix huit ans et passait sa vie loin de la maison. Alors quelle était cette personne ? Aisling, évidemment. Il s'étaient rapprochés après l'épisode de l’hôpital, ils n'étaient désormais plus constamment seuls chacun de leur côté. Et Kieran la raccompagnait de plus en plus fréquemment chez elle. Seulement, elle filait toujours avant qu'il ne s'éternise sur le pas de la porte. Comme si elle avait peur que sa famille les voit ensemble. Aujourd'hui, il s'était un petit peu incrusté chez elle et elle avait accepté car il n'y avait personne d'autre qu'elle. « Aisling tu... » Elle l'empêcha de parler en plaquant vivement sa main sur sa bouche. Haussant un sourcil en signe d’incompréhension, il perçut bientôt le bruit qui l'avait fait réagir ainsi. Des pas. Ce qu'il ne comprenait pas c'est pourquoi elle ne voulait pas qu'il fasse de bruit. Elle se jeta sur leurs deux sacs de cours et les fourra précipitamment sous le lit. « Dans le placard. » C'était un ordre, dur et inquiet. « Quoi ? » Bah oui, quoi dans le placard ? Qu'est-ce qu'il avait le placard ? Y'avait quoi dedans ? Il ne comprenait plus rien. Elle leva les yeux au ciel. « Entre dans le placard ! » Le « idiot » était sous entendu, ce qui arracha un sourire à Kieran. Puisqu’il ne réagissait pas suffisamment rapidement à ses yeux, Aisling le poussa vers le placard, ouvrit la porte, et les enferma tous deux dedans. « Explique moi... pourquoi on est là ? » interrogea-t-il avec un petit sourire lubrique. Elle lui envoya un coup de coude dans les côtes et il réprima un rire car la porte de la chambre s'ouvrait. Le père d'Aisling pénétra dans la pièce et Kieran sentit la jeune femme se crisper légèrement. Décidément, elle craignait qu'on les découvre. Pourquoi ? Évidemment, l'homme pris son temps pour inspecter les lieux, et pendant ce temps là ils étaient vraiment serrés dans ce placard. « Tu pourrais reculer ? J'ai tes cheveux sous le nez, j'vais éternuer ce serait pas malin... » chuchota-t-il, et il l'entendit soupirer. « J'ai pas la place pour avancer, attends... » Elle pivota lentement afin de faire le moins de bruit possible, et se retrouva face à lui. Très proche. Trop. « C'est mieux ? » Son regard perdu dans celui de la jeune femme, il devait avoir la bouche entrouverte. Il n'avait même plus trop conscience du pourquoi du comment ils se retrouvaient enfermés là. Son cerveau ne voulait même plus donner l'ordre à son corps de dire quelque chose ou d’acquiescer d'un signe de tête. Non, il ne pouvait plus rien faire, et Aisling le regardait bizarrement. Soudain, il s'avança, sa main alla machinalement se placer dans le creux du dos de la jeune femme et il l'embrassa sans réfléchir. Son cerveau était en bug total, et là il ne faisait qu'aggraver les choses. Il avait à une époque eu une réputation de tombeur briseur de cœurs, mais ça n’arriverait pas cette fois. A la limite, il aurait le cœur brisé si elle décidait maintenant de le repousser et de le gifler, mais il savait qu'il ne lui ferait jamais de mal. Du moins, il n'en avait pas l'intention. Kieran songea qu'il avait toujours su qu’elle était différente. S'il n'avait tout d'abord pas pu identifier cette différence, il le faisait maintenant sans difficulté. Et elle ne le repoussa pas... Son père partit mais il ne s'en rendirent même pas compte. A bout de souffle, ils durent s'interrompre et constatèrent que le champ était libre. Seulement, par où Kieran allait-il sortir ? Il posa muettement la question à Aisling et suivit son regard... « La fenêtre ? » demanda-t-il en soupirant. Elle acquiesça avec un air désolé, il haussa les épaules et ouvrit donc la fenêtre. Se retournant, il la contempla un instant avec un vague sourire. « Je... tu sais. » Non, il n'était pas doué avec les sentiments. Elle s'approcha. « Je sais. Moi aussi. » Il l'embrassa à nouveau et sauta. Une fois au sol, il lui adressa un clin d’œil et s'éloigna au pas de course.

Les choses devinrent rapidement sérieuses entre eux, bien que Kieran soit toujours incapable de lui dire qu'il l'aimait. C'était évident, mais difficile à exprimer. Les trois mots les plus compliqués du monde à ses yeux, il n'exprimait jamais ses sentiments, ne s'attachait jamais. Il ne devait pas avoir dis je t'aime plus de dix fois dans sa vie. Il l'avait évidemment dit à ses parents, mais entre zéro et deux ans puisque suite à la disparition de sa mère il n'avait plus trop parlé à son père... Et il l'avait dit à Callum. Il aurait d'ailleurs dû le lui dire plus souvent, avant qu'il ne soit trop tard. Il était partagé, il songeait qu'il devrait le dire à Aisling avant qu'il ne soit trop tard pour eux aussi, mais il avait la forte impression qu'il arrivait malheur à toutes les personnes auxquelles il osait s'attacher. Sa mère avait disparu, son père avait plongé dans la folie, son frère était mort. Sa famille était détruite, toutes les personnes qu'il aimait et avait aimées avaient ou avaient eu des problèmes. Il ne voulait pas que sa malédiction, il considérait cela comme ça, pèse également sur Aisling. Ils étaient donc ensemble, les deux solitaires réunis. Cela en avait surpris plus d'un, surtout ceux qui savaient à quel point Kieran pouvait être sans cœur, mais force était de constater qu'ils formaient un très joli couple. « Et si on partait ? » lâcha Kieran après un long silence. Allongé dans un champ au milieu des herbes folles, il venait d'écouter Aisling lui expliquer ce qui se passait chez elle. Pourquoi elle avait craint que son père ne les découvre dans sa chambre, pourquoi elle avait tant l'air de souffrir, pourquoi tout cela... Elle lui avait raconté les choses que sa mère avait pu lui dire, et il l'avait écouté sans l'interrompre, bien que sa seule envie soit de s'indigner, se révolter, s'insurger. Lorsqu'elle avait terminé, il s'était assis et avait observé l'horizon. Le jour déclinait, et il réfléchissait. « Qu'est-ce que tu racontes ? » Un vague sourire passa sur les lèvres du jeune homme alors qu'Aisling se redressait à son tour et posait sa tête sur son épaule. « Je raconte que je ne supporte pas de savoir ça. De voir cette chose dans ton regard maintenant que je sais ce que c'est. Je suis majeur Aisling, on pourrait partir d'ici... » Son regard vert se posa sur elle, il était sérieux. Évidemment qu'il était sérieux. Qu'est-ce qui le retenait ici, aujourd'hui ? Quel avenir avait-il dans une petite ville comme Bandon ? Il ne savait même pas ce qu'il ferait à la rentrée prochaine... « On peut pas. » Son regard quitta la jeune femme, déçu. « Kieran, tu as ton père ici, il a besoin de toi. Il ne va pas bien, et tu m'as dis toi même que tu t’inquiétais pour lui... Tu ne peux pas le laisser seul. » Elle savait que son père allait mal, mais elle ne savait pas pourquoi. Il ne lui avait jamais parlé de sa mère et de son frère. Cela viendrait sans doute un jour, puisqu'elle venait de se confier à lui... « J'ai encore une année à faire au lycée et... Kieran ? » Alors qu'elle parlait, il s'était levé. « Allez, on rentre. » fit-il pour toute réponse. Elle se leva et lui prit la main, il la laissa faire mais sans grande conviction et la ramena chez elle dans un silence dérangeant qu'elle n'osa pas briser. Il ne lui en voulait pas, elle n'avait pas tort, mais il ne pouvait s'empêcher d'être amer et déçu. Il allait partir lorsqu'elle l'embrassa et souffla: « Je t'aime. » Il tourna les talons.

Aisling était assise sur le lit de Kieran, attendant que celui-ci revienne. Il finissait d'annoncer à son père qu'il sortait ce soir. Il était devenu de plus en plus difficile de parler avec lui, à force d'être seul il développait une asociabilité maladive et une sorte de mutisme. Kieran s'en sentait responsable, il estimait l'avoir trop souvent abandonné à lui-même après le décès de Callum. Mais c'était toujours un adulte, capable de s'occuper de lui malgré tout... De retour dans sa chambre, il entreprit de changer de t-shirt avant de partir et retira donc son haut avant d'en chercher un nouveau dans ses affaires. « Qu'est-ce que c'est ? » Faisant volte face, il haussa un sourcil face à cette question. « De quoi ? » Elle sourit à son air un peu perdu. « Dans ton dos, le tatouage, c'est quoi ? » Il pivota à nouveau vers son armoire, serrant les poings, et la mâchoire si fort qu'il se fit mal. C'est fou comme certains sujets pouvaient le faire passer d'une humeur à une autre en un claquement de doigts... « Un triskell. » lâcha-t-il une fois légèrement calmé, attrapant un haut pour l'enfiler sans tarder. « Tu ne veux pas en parler ? » fit-elle doucement, avec une pointe de remord qui le radoucit. Il vint s'asseoir à côté d'elle et fixa le mur face à eux. « Ma mère a disparu quand j'avais deux ans. Elle n'est pas venue nous chercher à l'école, mon frère et moi, et on ne l'a plus revue ensuite... Personne ne sait ce qui lui est arrivé. Dès le moment où mon père, mon frère et moi nous sommes retrouvés seuls, on a pris ce symbole comme « armoirie ». Trois branches pour trois personnes. » Il lui était toujours aussi difficile de parler de cela. Il ne quittait pas le mur du regard, comme si ce point fixe pouvait le garder ancré dans le présent tandis qu'il souffrait du passé. « Il y a deux ans, mon frère, Callum, a eu un accident de voiture. Il avait vingt-quatre ans. La voiture a quitté la route et a fait des tonneaux... » S'interrompant avant que sa voix ne se brise, il prit le temps de respirer, baissant la tête pour river son regard sur le sol. « Après l'enterrement, j'ai demandé à mon père de me déposer au salon de tatouages. » finit-il difficilement, avant de jeter un regard à Aisling. Il ne s'attendait pas à voir des larmes emplir ses yeux. Prenant sur lui, il refoula son mal et lui adressa un léger sourire, essuyant la larme qui roulait sur sa joue. « Ne pleure pas Aisling, ce n'est pas à toi de porter le poids de ma douleur... » Wha. C'était assez étrange à dire, et peut-être pas tellement réconfortant. « Je t'aime. » La surprise remplaça la tristesse sur les traits d'Aisling. « Je t'aime. » Il lui sourit, et elle lui caressa la joue, puis Kieran se leva précipitamment, afin d'éviter de plonger dans le mélodramatique. Et, une fois de plus, afin de ne pas s'étendre sur ses sentiments « Allez, viens, on y va... » La jeune femme ne s'attarda pas non plus à ce sujet, essuya ses joues et le suivit.

C'est en allant se recueillir sur les lieux de l'accident que Kieran eut une révélation. Il s'était assis là où, des années plus tôt, le corps sans vie de son frère avait été allongé, un ambulancier lui compressant vainement la poitrine. Trente pressions, deux insufflations. Inutile. Il se rendait fréquemment ici, et il imaginait la scène... Mais ce n'était pas pour se torturer l'esprit, non, ici il se sentait plus proche de Callum que n'importe où ailleurs. Les premiers mois, il s'endormait dans le lit ayant anciennement appartenu à son grand frère. Ensuite, il s'était éternisé chaque soir sur sa tombe. Mais ce n'est qu'en venant sur le bas côté de cette maudite route qu'il avait ressenti comme la présence de Callum... Au début, il ne la supportait pas. Mais aujourd'hui, c'était son lieu de prédilection pour réfléchir. En songeant aux efforts déployés pour sortir son frère d'une voiture bien amochée, il avait su ce qu'il voulait faire. Il serait pompier. Il se souvenait encore de ces fois où Callum et lui y jouaient, il se souvenait que c'était leur rêve de gosse, à tous les deux. Ils s'étaient souvent imaginés collègues, une équipe de choc sauvant tout le monde... Au fil des années, ce rêve s'était transformé. Kieran n'avait jamais retrouvé de vocation, tandis que son aîné avait entrepris des études d'architecte. En observant les lieux, en imaginant les pompiers tenter d'extraire son frère de la voiture, cette idée prenait de l'ampleur. L'année de ses dix-huit ans, il avait entrepris sa formation.

Allongé dans son lit à observer fixement le plafond, Kieran ne pensait à rien, pour une fois, lorsqu'il entendit sonner. Se levant, il se pencha pour regarder par sa fenêtre si cela valait la peine qu'il se déplace. Aisling. Avec un air paniqué qui l'intrigua. Il descendit les marches quatre à quatre et apparut dans l'encadrement de la porte. « Je suis enceinte... » Rien d'autre. Il était comme paralysé par la nouvelle, la fixant sans trop comprendre. Son regard se posa sur le ventre de la jeune femme. « Je sais pas quoi faire... Il faut qu'on parle... S'il te plaît. » Secouant la tête comme pour s'arracher à ses pensées, il s'effaça pour la laisser entrer et la mena à sa chambre. Le silence était pesant, gêné. Qu'allaient-ils faire maintenant ? Kieran réfléchissait lorsqu'elle reprit: « Je suis à la rue, j'ai seulement mes médicaments sur moi. » Décidément, il détestait les Buchanan. Il s'efforça de la rassurer, bien qu'il ne soit pas lui-même très sûr de la marche à suivre. Pour tout dire, il ne l'était pas du tout. Aisling ne bougeait pas de la chambre et  n'avait plus d'appétit. D'ailleurs, lui non plus. Il avait interrompu sa formation de pompier pour quelques temps, prétextant de problèmes familiaux. Ce qui était à peu près vrai... Son père, voyant qu'il était constamment enfermé, décida un jour de s'en faire un peu pour lui et quitta la chambre de l'autre côté du palier où il passait lui aussi le plus clair de son temps. La porte s'ouvrit sur les deux jeunes, allongés au milieu du lit de Kieran à observer le plafond comme si la réponse à leurs multiples questionnements allait s'inscrire dessus comme par magie. Cela faisait des jours qu'ils n'avaient plus bougé, et Ezra Lochlainn n'avait pas l'air au courant qu'ils avait une invité, et encore moins que son fils était en couple. Cela faisait trois ans mais il n'avait jamais rien remarqué.

« Je sais pas si j’aurais le courage d’avorter, c’est horrible… » annonça-t-elle un jour en pleurant. Kieran se redressa vivement. Il n'en pouvait plus de cette situation et, lui aussi, il avait réfléchi. Il avait pesé le pour et le contre, et il ne lui avait suffit que d'un seul argument contre pour se décider. « Écoutes, il va falloir s’y résoudre parce que vu ton état, tu vois bien que tu ne peux pas supporter une grossesse ! C’est soit ça, soit…  » Il s'était fait agressif. Par inquiétude et impatience. « Mais tu t’entends ? Tu préfères qu’on tue notre enfant alors ? C’est tout ce que tu as trouvé ? C’est soit ça, soit quoi, hein ? Dis moi, vas-y j’ai hâte d’entendre ça ! Dis le que tu veux pas qu’on ait un enfant, ça ira plus vite, au lieu de trouver des excuses de merde !  » Serrant les mâchoires à s'en faire mal, les poings à s'en blanchir les jointures, il quitta la pièce en claquant la porte. Il n'était pas question qu'elle le garde, pas question qu'elle risque sa vie pour donner naissance à un enfant non désiré... Oui, c'était affreux à dire, mais il ne laisserait pas cela arrivé. Il ne la laisserait pas mourir, elle comptait bien plus que le bébé... Après avoir passé la nuit dehors pour se vider la tête, il était rentré pour avoir droit à une nouvelle dispute. La dernière... « Tu sais quoi, laisse tomber ! Je vais prendre la décision toute seule, je vais me débrouiller comme je l’ai toujours fait ! Oublie moi tu veux ! Ça ira pour toi je pense, c’est pas toi qui le porte cet enfant ! » s'énervait-elle dans les escaliers alors qu'il la poursuivait pour continuer à s'exprimer. Lui aussi aurait eu beaucoup à dire. « Bah voyons ! Mais oui c’est ça, ça ne me concerne pas t’as raison allez ! » C'est tout ce qu'il avait trouvé, son sarcasme habituel, alors qu'il contenait difficilement sa rage. Ils étaient désormais dehors, tout du moins Aisling se trouvait à l'extérieur et Kieran sur le pas de la porte. Il vit à son expression qu'elle ne l'avait pas tellement pris pour du sarcasme. « Absolument ! » Alors qu'elle s'éloignait, il claqua la porte si violemment qu'elle trembla sur ses gonds. Il se saisit du premier objet qu'il vit et le jeta à travers le couloir. Alors que le vase préféré de sa mère s'écrasait sur le mur, Kieran se laissa lourdement tomber sur le parquet. « Kieran ?» Réveillé par la dispute et inquiété par le bris de verre, Ezra était descendu et s'approchait du jeune homme assis par terre. « Elle est partie. » finit-il par annoncer, relevant la tête et plongeant son regard clair, où rage et tristesse se mêlaient, dans le sien. « Où ça ? Pourquoi ? » Un sourire amer passa sur ses lèvres: « Elle est enceinte, papa. » La nouvelle ne sembla pas tellement le surprendre, ni l’inquiéter. Ne me dites pas qu'il veut être grand père !, songea Kieran. « Quel est le problème ? Vous êtes grands. Tu sais, Aileen avait ton âge quand ton frère est né... » Les yeux de Kieran s'emplirent définitivement de larmes. Sa mère et son frère, ajoutés au départ d'Aisling, au fait qu'elle risquait sa vie avec cette grossesse, à cette rupture idiote... « Tu n'en veux pas ? » interrogea son père comme il ne répondait rien. Tout ce qu'il put faire c'est hausser les épaules. Il ne savait pas. Il ne se voyait pas père, pas uniquement car il n'avait que vingt et un ans, non, il ne se voyait pas père, ni maintenant ni jamais. Il n'y avait jamais songé, car il n'avait jamais imaginé se trouver confronter à un événement pareil. Non, il n'en voulait pas forcément. Mais, si Aisling avait été en bonne santé et avait souhaité le garder, il s'y serait fait ! Sauf qu'elle était cardiaque, elle ne survivrait pas à l'accouchement, et il préférait encore qu'elle avorte et vive. « Là n'est pas la question... Ça va la tuer. Aisling est cardiaque papa, elle peut pas survivre à cette grossesse ! Je veux pas qu'elle risque sa vie à cause de moi. C'est de ma faute. Et maintenant elle est partie, elle va jamais pouvoir se résoudre à avorter ! Elle va mourir papa ! » Il s'était levé, à nouveau plus en colère que ravagé par son départ. Il était incapable de se calmer, une fois de plus, toute cette rage qu'il contenait difficilement depuis la disparition de sa mère montait en lui. Destructrice aussi bien pour lui que pour les autres. Son père comprenait peu à peu et semblait presque horrifié que Kieran l'ai laissée partir avec les risques qu'elle courait. « Alors empêche la de faire une bêtise Kieran ! » Secouant la tête, le jeune homme remonta dans sa chambre. Terrible erreur, il s'en rendit compte plus tard...

Des mois avaient passé depuis qu'Aisling s'était présentée à la porte des Lochlainn. Des mois avaient passé depuis qu'elle était partie sans se retourner tandis que Kieran claquait la porte. Depuis lors, comme s'il avait été à sa place, son père écoutait en boucle des chansons  telles que With Or Without You ou Every Breath You Take. Cela insupportait Kieran, il n'en pouvait plus, il souffrait suffisamment ainsi. Il se sentait responsable, une fois de plus, de ce qui arrivait. Il se savait responsable. Il se réfugiait donc dans le travail. Constamment loin de la maison, il ne rentrait que pour dormir. Et prendre conscience de l'étrangeté du comportement de son père. Celui-ci était un coup parfaitement lucide, l'autre complètement paranoïaque et plongé dans de folles théories comme à la disparition d'Aileen. L'accumulation d’événements affreux dans sa courte vie le rendait dingue. D'abord sa mère, ensuite son frère, sa copine cardiaque tombant enceinte et disparaissant, son père plongeant dans la folie... Rien de pire ne pouvait lui arriver. Il avait eu raison de penser que toutes les personnes auxquelles il s'attachait finissaient par mourir ou souffrir. Il avait terminé sa formation de pompier depuis quelques temps et passé tous les concours. Il avait beau être assez instable émotionnellement, en particulier pour gérer sa colère, et avoir un peu de mal à travailler en équipe, il était déterminé et prêt à faire tout ce qu'il faudrait. La dernière intervention datait d'à peine quelques minutes, aucun mort à déplorer, et Kieran s'était une fois de plus fait remarqué de par sa détermination et son courage. Pour tout dire, c'était plus son côté suicidaire, mais personne ne le voyait de cette façon. Et pourtant ! Au fond, il n'avait plus rien à perdre, alors autant se dévouer totalement à ce qu'il faisait, au péril de sa vie. Cette vie qui comptait tellement peu au point où il en était. Alors qu'il attrapait sa veste pour suivre ses coéquipiers au PUB, son téléphone se mit à sonner. Étrange, plus personne ne l'appelait depuis déjà longtemps, étant donné que tout le monde était au courant qu'il ne s'intéressait plus à rien d'autre qu'à son boulot depuis le départ d'Aisling. Il était encore pire qu'avant. Avant, il y avait Aisling pour le faire sourire et rire, sa simple pensée le mettait de meilleur humeur et suffisait à réprimer ses envies de meurtre. Aujourd'hui, sa pensée le torturait autant que celles de sa mère et son frère. Il décrocha et grogna un « allô ». « Kieran... » Cette voix lui était vaguement familière. Il s'agissait de la meilleure amie d'Aisling. Sauf que sa voix était très hésitante. « Ouais ? » Détaché, comme à son habitude. « Kieran... C'est... C'est Callum... » Il serra les dents, quoi ? Comment osait-elle prononcer le nom de son frère ? Pourquoi lui parlait-elle de lui ? Il n'était plus de ce monde depuis cinq ans déjà ! N'avait-il pas déjà suffisamment souffert ? « Qu'est-ce que tu me chante ? Callum est mort, lâche moi. » Agressif. Encore. « Tu ne comprends pas... C'est Aisling ! Elle avait appelé le bébé Callum mais... Il est mort. » Un long silence se fit soudain des deux côtés. Kieran s'appuya au mur de la caserne afin de ne pas chanceler. Sa voix restait bloquée dans sa gorge, pas le moindre son ne pouvait franchir ses lèvres tandis qu'il sentait son cœur se comprimer dans sa poitrine. Elle avait voulu appeler leur bébé Callum... Et il était mort. Tout ce qui se rattachait à lui portait la poisse, Kieran le savait. Callum. Cela lui faisait tellement mal d'entendre à nouveau ce nom. Callum, il imagina son fils. Qu'il ne verrait jamais. Il s'en était toujours voulu d'avoir laissé Aisling partir au lieu de la poursuivre comme son père le lui avait conseillé. Il était responsable de la perte de cet enfant, si elle était restée et qu'ils avaient été ensemble... Si seulement il ne lui avait pas annoncé cela d'une telle façon ! « Kieran ? Tu es toujours là ? Je suis désolée Kieran... Je pensais qu'il fallait que tu le saches... » Paupières closes, tremblant de tous ses membres, il avait même du mal à tenir son portable... « M... merci, oui... A une prochaine fois, j'ai... des choses à faire... » Il raccrocha avant qu'elle ne prenne de ses nouvelles ou ne tente quoi que ce soit pour poursuivre la conversation. Toujours appuyé au mur, il fixait l'écran de son téléphone, les larmes aux yeux, le cœur en miettes une fois de plus... Son  fond d'écran les représentait, tous les deux. Effectivement, il ne s'était pas encore assez fait de mal ainsi, il avait des photos de Kaisling partout, et dès qu'il déverrouillait l'écran, aussi bien de son ordinateur que de son téléphone, il était confronté à leur ancien bonheur... « Hey mec ça va ? » Il en avait oublié le lieu où il se trouvait ! Son coéquipier le regardait avec inquiétude, et Kieran refusait de relever la tête. Pour qu'il aperçoive les larmes dans ses yeux ? Plutôt mourir. « Partez sans moi, on se voit demain... » Sa voix était étonnamment assurée. Comme quoi, lorsqu'il s'agissait de rester dans son rôle de solitaire détaché, indifférent, il pouvait refouler absolument tout. Pour un temps, seulement... Comme l'autre s'éloignait, il se laissa glisser par terre. C'était de plus en plus fréquent qu'il se retrouve dans cette position. Il enfouit son visage entre ses bras, ramenant ses genoux contre son torse et se laissant aller aux larmes qu'il avait si souvent retenues, tout comme sa colère.

Les jours, que dis-je, les mois suivants furent extrêmement difficiles, faire semblant n'avait auparavant jamais posé de problème mais il n'avait encore jamais été seul pour surmonter ce qui lui faisait du mal. Même si la présence de son père avait été discrète, il avait été là à la mort de Callum comme au départ d'Aisling. Mais aujourd'hui, il était bien trop perdu dans ses délires que pour se rendre compte du mal être de son fils. Kieran n'en avait, en plus de cela, parlé à personne. A quoi bon ? Au fond, il n'avait que peu d'amis, et il ne les voyait presque pas. Aujourd'hui, il n'avait donc personne pour le soutenir. Personne pour le rassurer. Personne pour le déculpabiliser. Personne à qui exprimer sa douleur. Non, personne ne se dressait devant lui pour lui annoncer savoir qu'il mentait. Qu'il ne faisait que faire bonne figure. Du moins, bonne figure à sa manière... A l'intérieur, le chaos. Mais d'apparence il était toujours ce mec froid, distant, totalement misanthrope, se voulant antipathique mais attirant les autres comme un aimant. Il faisait tout pour garder la face et être ce qu'il paraissait, mais il n'y arrivait plus. Sa solitude ne lui convenait plus, il avait besoin d'Aisling. Il avait toujours eu besoin de quelqu'un, seulement il ne s'en était jamais rendu compte avant d'être totalement seul. Il y avait toujours eu son grand frère Callum, et il avait toujours considéré cela comme étant la logique même. C'était son frère, il veillait sur lui, il était là et le serrait toujours. Puis il était parti, lui aussi. Kieran avait alors trouvé Aisling, mais c'était également révolu. Tout lui semblait être arrivé par sa faute, de sorte qu'il commençait sérieusement à penser qu'il avait mérité cela. Tout cela, tout ce qui avait pu lui arriver dans la vie. De la disparition de sa mère au décès de son fils en passant par celui de son frère et sa douloureuse rupture avec la seule personne qu'il aimait réellement. Sans oublier la dégénérescence de l'état de la seule famille qui lui restait... Parlons en, justement, de son père. Ezra Lochlainn, une cinquantaine d'années, paranoïaque et presque fou à lier; c'était un assez bon résumé de la situation actuelle. Si Kieran traînait tant à quitter la maison où il avait grandi, ce n'était pas le moins du monde par nostalgie, mais car son père avait encore et toujours besoin de lui et qu'il ne parvenait pas à prendre de décision à son sujet. Le médecin ne cessait de répéter qu'il serait mieux dans un centre où il serait encadré et où l'on se dévouerait totalement à son bien être mais il aurait eu l'impression d'abandonner son père et c'était déjà tellement dur de le voir ainsi abandonné par tout le reste de la famille... En effet, ils n'avaient plus aucun contact avec la famille d'Aileen, sa mère, depuis l'enterrement de Callum. Et autant dire qu'ils n'avaient pas intérêt à revenir vers eux, Kieran les haïssait aujourd'hui autant qu'il avait pu haïr la famille Buchanan en apprenant leur manière d'agir à l'égard d'Aisling. Kieran et Ezra étaient donc seuls au monde, et le jeune homme ne parvenait pas à faire un choix malgré qu'il ait toutes les cartes en main. Il lui fallut encore un an avant de prendre une décision. Une décision plus que difficile mais dans l’intérêt de tous, la meilleure. Le placer. En maison de repos à à peine 55 ans, c'était difficile à vivre pour tout le monde, mais nécessaire. Il ne pouvait plus être seul, au risque de faire une bêtise entraînée par la solitude et la peine accumulée au fil des années, et Kieran ne pouvait pas se permettre de rester avec lui H24. Il avait des problèmes de santé qui ne cessaient de s'aggraver, et besoin de la compagnie de personnes de son age. Vieillir seul après avoir été marié douze ans, avoir eu deux enfants et avoir vécu avec son fils vingt-trois longues années, c'était impossible. C'était la meilleure solution, Kieran ne cessait de se le répéter afin d'oublier ses remords et son sentiment d'abandonner son géniteur... « Kieran ? » Pivotant vers son père, qui n'avait dit mot depuis leur arrivée au home, il s'accroupit à ses côtés sans perdre une minute. « Papa ? » Son ton était moins assuré qu'il ne l'aurait souhaité. Sa voix trahissait ses remords malgré tous ses efforts. « Je ne t'en veux pas Kieran... Tu as pris la bonne décision. » Le jeune homme resta sans voix. « Tu as raison, j'ai besoin d'aide. Et même avec toute la volonté du monde tu n'aurais pu me l'apporter... » La gorge nouée, il ne répondit toujours rien. « Je t'aime Kieran, n'oublie pas. » Il lui fit signe de s'en aller, sachant qu'il avait encore nombre de choses à faire. De plus, dans la famille, ils n'étaient pas du genre à faire des adieux déchirants. C'est à peine s'ils s'enlaçaient pour témoigner leur affection. Un léger sourire étira alors leurs lèvres à l'unisson. « Moi aussi papa... Je reviendrai vite, promis. »

Aujourd'hui, Kieran vit tout à fait normalement. En apparence, du moins. Après que son père ait accepté la maison de repos, ils ont ensemble décidé de vendre la maison. Il ne se voyait pas vivre entre ces murs, dans ces lieux qui avaient durant vingt trois ans renfermé toute sa douleur. Ne dit-on pas « nouvelle maison, nouvelle vie » ? C'est exactement ce dont il avait besoin. Ils ont vendu la maison, Kieran a passé des mois à vider les lieux, et le plus dur a été d'enfin ranger les affaires de son frère. Ils n'avaient jamais pu s'y résoudre et sa chambre était restée en état depuis sa mort sept ans plus tôt. Aujourd'hui, cela fait huit ans que Callum n'est plus de ce monde. Kieran a gardé la majeure partie des affaires de son frère, ses trophées sportifs et autres souvenirs sont bien rangés dans le grenier de son nouveau chez lui, tandis qu'il a étoffé ses armoires de vêtements ayant appartenu à Callum. On constate facilement qu'ici vit un solitaire, les souvenirs ne sont pas affichés, excepté une photo de famille, la seule qu'il existe de leur famille au complet, avec Callum âgé de huit ans et un Kieran d'à peine deux ans. Agrandie sous forme d'un tableau de un mètre sur un mètre, elle est affichée dans le salon. Une nouvelle habitation, mais le même boulot, avec des jours qui ne se ressemblent pas, les interventions non plus. Plusieurs fois, il avait risqué sa vie sans réfléchir, et parfois mis en danger ses coéquipiers de par son total dénigrement de sa propre vie. Suite à plusieurs rappels à l'ordre, il s'était assagi, du moins lorsqu'il n'était pas seul, car il considérait avoir encore le droit de mettre sa vie en danger si cela lui chantait... Il n'était pas suicidaire au sens véritable, mais c'est ce que son attitude laissait penser, et il se fichait bien de mourir. L'habitude qu'il avait prise est de rendre visite à son père après chaque grosse intervention telle qu'un incendie, afin de le rassurer quant à son état, ainsi que de se forcer un peu à y aller. Il n'avait jamais aimé les hôpitaux, ni les homes pour personnes âgées, ni rien de ce qui s'apparentait à un centre de soins (raison pour laquelle il laissait toujours traîner ses blessures, même graves, en se disant que tout finissait par passer).  De plus, il avait à chaque fois le même sentiment d'abandonner son père dans ce lieu où il avait pourtant l'air de beaucoup se plaire... Et son état s'améliorait au contact des autres.

Si sa vie semblait tout ce qu'il y a de plus banal, son état mental, lui, aurait soulevé des questions chez quiconque le connaîtrait un peu. Mais personne ne pouvait se vanter d'en être là, ses amis n'avaient fait que gratter en surface, personne ne savait ni ne saurait jamais ce en quoi toutes les épreuves qu'il avait traversées l'avaient transformé. A quel point il se sentait vide malgré son charisme extérieur, combien la solitude lui pensait bien qu'il fasse en sorte de paraître antipathique. Il ne se plaignait jamais d'avoir tant de mal à trouver le sommeil, hanté par les fantômes du passé, ni de se réveiller au bout de quelques heures, en nage, et de ne plus ni oser ni pouvoir se rendormir après avoir assisté impuissant au décès d'Aisling et de leur bébé dans ses cauchemars.


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